J’ai accompagné un homme durant sa mort.
Le titre peut paraitre effrayant, mais il ne l’est pas. J’ai simplement envie de vous partager de temps en temps, des évènements de mon quotidien, qui ne rempliraient pas un Récit (presque) Extra-ordinaire. Mais qui, selon moi, méritent d’être lu.
Cette nuit, un rêve m’a mené aux côtés d’un monsieur en fin de vie. Le corps maigre, les membres presque atrophiés, le pied bleu aux veines abîmés, ses minutes étaient comptées.
Car oui, ce monsieur était toujours vivant. Mais sa mort était prévu pour les quelques minutes qui à venir, cinq tout au plus.
Je vois ce monsieur, et sans y réfléchir, sentant que c’est là mon rôle. Je m’occupe de lui.
Une personne le porte, afin de l’asseoir sur le siège où il doit être. Je pose une serviette sur son assise, pour plus de confort et d’hygiène.
Le voilà installé, alors il décède.
Mais mon travail ne s’arrête pas là.
Je reçois une information capitale, ce monsieur est de confession musulmane. Étant d’éducation catholique, je prends donc garde à l’accompagner avec une neutralité absolue. Ne prenant pas le risque de le perturber avec un discours avec lequel il ne pourrait s’identifier.
Je me réveille, sentant que nous ne sommes pas seuls dans la chambre, avec mon compagnon. Je comprends très vite que je suis en plein accompagnement de ce monsieur, et qu’il est donc présent.
Tyna est là, peut-être a-t’elle peur, peut-être supervise-t’elle ?
Je me rendors, le travail se termine doucement.
Ce que j’aimerais vous exprimer par cet écrit
Peut-être avez-vous entendu parlé de « passeurs d’âmes ». Ce terme effrayant pour certains, caractérisant pour d’autres, est en fait l’expression d’une capacité d’action sur une transition que nous vivons tous à un moment donné.
Le passeur d’âme, contrairement à ce que l’on pense, n’a pas forcément l’étoffe d’un humain passionné par le subtil, près à faire de ses grandes capacités, un métier.
Car oui, toi, humain qui lit ces lignes, même si tu ne te penses pas lié à tout cela. Tu as peut-être cette mission subtil d’accompagner des esprits en transition, durant ton sommeil. Simplement, tu n’en as pas conscience. Mais ce travail, tu le fais très bien, et tu as toutes les connaissances nécessaires pour cela.
Mais revenons-en au fait. Qu’est-ce qu’un « passeur d’âmes » ? Le passeur d’âme accompagne un esprit dans son passage entre différents paliers vibratoires. Différents « mondes » si vous souhaitez simplifier mes dires. Car lorsque nous mourrons, nous passons de la vibration terrestre, à une vibration plus subtile. Lorsque nous parlons d’esprits errants, ce sont simplement des esprits qui n’ont pas encore effectué cette transition. Et qui, à un moment donné, devront être aidés pour cela.
Le passeur d’âme fait ce travail, souvent inconsciemment.
Le passeur d’âmes a souvent tendance à être attiré par des situations de décès proches.
Si je vous raconte quelques bribes de ma propre histoire :
- À mes 4 ans, mon grand-père se lève un matin, alors que je viens de passer la nuit à côté de lui. Il se lève, s’installe dans son canapé, et décède. Je suis dans la pièce d’à côté.
- À mes 14 ans, une voisine ne donne plus signe de vie, avec ma mère nous accompagnons sa fille jusque chez elle. Nous la retrouvons décédée sur son divan. Je suis là, à côté d’elle.
- Dans mon dernier récit, je vous parle de circonstance qui m’ont mené à vivre durant une semaine dans la maison de mon arrière grand-mère. Cette semaine est particulière, car c’est la semaine de son décès, et donc, de son départ après ses funérailles.
- Mon père perd l’un de ses amis. Je ne le connais pas, mais les circonstances feront que les funérailles ont lieu le jour de mon retour d’une autre ville. Pour ne pas laisser mon père y aller seul, je l’accompagne. Me retrouvant donc aux funérailles d’un inconnu.
Durant ma vie, j’ai assisté à presque 10 enterrements. Mais bien plus de morts que ça encore. J’ai vu passer des dizaines voir des centaines de personnes errantes dans ma chambre, durant mon enfance, ma vie entière. J’ai vu dans mes rêves, des photos de familles, des crashs d’avions, des assassinats, des villes inconnues en temps de guerre, des assassinats de juifs en fuite, et tant d’autres choses encore.
C’est la vie d’une passeuse d’âmes. C’est sa mission. Aider son prochain, jusque dans sa mort, ou « renaissance » pour les intimes. Car oui, je me sens intime avec la mort, parfois plus qu’avec la vie. N’y voyez là aucune idée morbide. Mais bien l’expression d’un fait me caractérisant. J’ai bien plus de facilités à vous parler de la mort, dans les moindre détails. Qu’à vous expliquer la vie. C’est comme cela, et je trouve cela plutôt cocasse.
Léa 🌳