Chapitre 4 : Je l’ai torturé

Les semaines passent.

Je suis maintenant plus consciente de tous ces ressentis qui m’assaillent au quotidien. Je comprends chaque information qui me vient en tête. Et je sais maintenant que chaque être ressenti, est un esprit errant dans le besoin.

Cependant, l’expérience magique vécue avec la médium, a laissé place à de nombreux évènements, particulièrement terrifiants !

Voilà 2 ans que notre entretien téléphonique a eu lieu. Nous étions vraiment chamboulées après cela. D’ailleurs maman a tout raconté à papa. Et je vous assure qu’elle laissait entièrement parler son âme d’enfant lorsqu’elle lui contait cette histoire. C’était rigolo à voir, et à la fois intriguant. Car chacun de ses mots réveillaient toutes ces pensées qui me traversaient, lors de l’entretien téléphonique. J’ai tout de même accompagné ma première âme vers la lumière. Et celle-ci se trouvait être mon âme jumelle.

Comme je le disais, tout cela est derrière moi maintenant. La vie m’a offert de nouvelles cartes. Je vais à l’école chaque jour. Et j’entre bientôt au collège. Je ne suis plus une enfant.

Seulement, sous ces détails conventionnels, se cache quelque chose qui l’est beaucoup moins. Les attaques ont recommencé, depuis des mois maintenant. Et elles sont nombreuses et si effrayantes.

La dernière a d’ailleurs eu lieu hier soir :

Je suis maintenant couchée depuis une heure. J’ai encore du mal à m’endormir car j’ai peur. J’ai peur de rêver. J’ai peur de fermer les yeux et de devoir lutter contre un être invisible, pour les rouvrir. Je me demande parfois si je pourrais mourir à cause de l’un d’eux. C’est si terrifiant.

Maintenant, mes pensées s’adoucissent, et se transforment peu à peu en un doux rêve. La nuit se déroule sans encombre.

Mais vient le petit matin. Je suis chanceuse, mes nuits sont complètes. Je ne me réveille que très rarement dans la nuit. Ainsi, je fais plusieurs rêves qui se suivent. Le dernier étant souvent celui que j’aurais aimé ne pas faire. Mais parfois l’attaque est plus sournoise encore, car elle intervient sans rêve.
C’est ce qu’il se passe cette nuit.

Tout d’un coup, je sens que l’on m’attrape les chevilles, les poignets, le cou et le front. Et il y a ce poids, cette force contre mon corps, qui m’empêche de bouger. J’ai la sensation d’être là, mais de ne plus rien contrôler, dans un noir le plus complet. Je suis à la merci de mon bourreau.
Et dans un sursaut soudain, un crie m’arrache tout repère. Un hurlement métallique, un voix tirée des films d’horreur. Elle me hurle de toutes ses forces dans l’oreille droite. Je suis tétanisée.

Je tente tant bien que mal de me réfugier à l’intérieur de moi-même. De me créer un cocon de sureté, de repère, de confort. Mais je suis terrifiée. Je ne vois aucune issue à ce qu’il se passe présentement. Aucun moyen de m’échapper ou de demander de l’aide. Je suis prise, capturée, détenue.

Il me semble que cet instant dure une éternité.

C’est au paroxysme de ma peur, que la voix se tait enfin. Et comme par un souffle de vent, les points de pressions s’évaporent, et disparaissent finalement. Je suis libérée.
Je n’ose ouvrir les yeux. Je ne bouge toujours pas. J’ai peur de crier, j’ai peur de voir mon bourreau. J’ai peur de bouger et qu’il m’attrape de nouveau.
Mais dans un élan de courage et de détermination, je hurle à la mort. Je hurle de toutes mes forces pour que papa et maman viennent me chercher. Pour qu’ils viennent m’aider.

Comme à chaque fois, ils m’entendent très vite.
Cette fois-ci c’est papa qui vient. Car maman est déjà levée, elle est à l’autre bout de la maison, et ne m’entend pas.
Lorsque papa est là, le soulagement est tel que je me met à pleurer toutes les larmes de mon corps. La pression retombe, et je reprends petit à petit, conscience de la réalité.
Je raconte tout à papa, il est très attentif. Je ne sais pas s’il me croit, mais il m’écoute, c’est tout ce dont j’ai besoin, de l’écoute.

Je suis déstabilisée, car j’ai la sensation si intense de ne plus habiter le même monde, lorsque ces fantômes viennent me terroriser. La sensation d’être en marge d’une réalité insaisissable. Chez papa et maman ça va, parce qu’on en parle, je leur raconte toutes mes histoires.
Mais à l’école, c’est complètement différent. Je n’en parle pas. Je fais mine que tout cela n’existe pas. Cependant, dans mon esprit, je suis toujours ailleurs, dans cet état d’emprisonnement invisible.

Ce même schéma d’attaque se reproduit depuis plusieurs semaines, parfois même plusieurs nuits d’affilé. Je ne sais que faire, je suis perdue. Alors je décide d’appeler ma tante. Pour qu’elle m’aide, et me conseille. Elle est maintenant devenue un vrai soutient pour moi. C’est si réconfortant.

Dans cette longue et intense conversation, elle me dit que cette âme en peine avec une voix métallique, me connait.
Elle me dit que cette âme, m’a connu … Dans une autre vie.

Le suspens est long mais nécessaire. 

Puis elle m’explique, que notre âme se réincarne. Pour vivre de nombreuses expériences, de nombreuses vies, dans pleins de mondes, d’époques, de pays, de familles différentes.
Elle m’explique que chacun d’entre-nous a été tantôt pauvre, tantôt riche, tantôt victime et tantôt bourreau, …

Je ne vois pas bien où elle veut en venir, mais j’écoute attentivement.

Elle m’explique enfin que cette femme a été victime, et que moi, j’ai été son bourreau. Mais pas son seul bourreau, elle aurait été torturée par plusieurs personnes.
Cette nouvelle m’arrive comme une immense claque. Je l’ai torturée. J’ai torturé quelqu’un. Dans une autre vie, certes. Mais c’était moi, mon âme, ma vibration.

Ma tante me dit que je ne dois pas culpabiliser. Que ce qui a eu lieu, devait être. Que ce sont des contrats d’âmes et que chaque protagoniste dans une histoire de vie, a choisi et accepté ce qu’il s’y passe. Seulement une fois incarnés, la difficulté terrestre reprend le dessus. Certaines âmes restent alors coincées, dans cette vie, à cause de la puissance de leurs émotions.

Ainsi, cette femme qui a été torturée, reste hantée par sa douleur. Et tente encore aujourd’hui, de se défendre et de reprendre sa liberté, en venant nous « attaquer ». Elle n’a en effet pas conscience que nous sommes aujourd’hui réincarnés en de nouvelles personnes. Et que nous n’avons plus du tout ce rôle de bourreaux envers elle.
Ma tante me dit que pour libérer l’ensemble des personnes impliquées dans cette histoire. Je dois parler à cette femme. Lui demander pardon, et lui expliquer tout ce que je viens d’apprendre. Pour réussir, peut-être, à la libérer de sa torpeur.

La conversation se termine avec ma tante.
Je sais maintenant comment faire pour libérer cette âme.

Mais, je dois d’abord accepter la situation. Je me sens monstrueuse. Je ne comprends pas comment mon âme a pu choisir la torture. Je suis perdue, et je culpabilise. Je comprends que je ne suis plus cette personne. Mais d’avoir pu infliger autant de mal à quelqu’un me retourne l’estomac. Je suis triste.

Durant deux jours, je ne me sens pas capable de lui parler. Puis, une nouvelle attaque survient dans la nuit.
Je me lève sonnée, et je décide qu’il est temps. Que je ne dois pas gérer égoïstement cette situation. Cette âme a besoin de moi, et si je peux la libérer en lui demandant pardon, alors je réparerais peut-être son âme. Pour l’aider à vivre une nouvelle vie, pleine de bonheur.

Je suis dans le salon de la maison familiale, seule. Et je décide de lui parler : 
« Alors, je, heu … J’ai quelque chose à vous dire. J’ai compris qui vous étiez, et pourquoi vous ressentez le besoin de me faire peur. Sachez que je ne vous en veux pas le moins du monde. Je crois, au contraire, qu’il est grand temps pour moi de vous demander votre pardon. Pardonnez-moi de vous avoir fait tant de mal. Si vous saviez ce que tout ça me brise le coeur. ».

Les larmes me montent aux yeux, et mon coeur chavire :
« Si vous saviez ce que ces agissements sont à des années lumières de celle que je suis aujourd’hui. Peut-être que dans cette autre vie je vous ai fait du mal. Mais aujourd’hui, en tant que Léa, je ne vous veux que du bien. Et je vous dirais même que j’ai beaucoup d’amour pour vous. Si vous saviez ce que je suis désolée. Désolée de vous avoir fait autant de mal. Je souhaite vous libérer, je souhaite que vous puissiez sortir de cette terreur. Et que la lumière soit votre seul chemin. Je ne dois plus être, nous ne devons plus être, pour vous, des bourreaux. Qui risqueraient de vous effrayer à tout moment. Nous ne sommes plus vos bourreaux, tout cela est terminé. Nous ne vous ferons plus jamais de mal. Vous n’avez plus à vous protéger de nous. Et j’ose vous demander pardon au nom de chaque personne qui vous a blessé. Aujourd’hui, vous devez aller de l’avant, et vous autoriser la liberté. Partez, et vivez une nouvelle vie, de nouvelles belles incarnations. Faite de bonheur et de joie.
Au revoir, soyez heureuse, soyez fière de vous. Belle liberté à vous. »

Je suis en pleurs. De chaudes larmes coulent sur mes joues. Je me pardonne à moi-même, et chaque parole résonne comme un libération suprême. Je suis sonnée, et fière de moi à la fois.
Je ne sais si ces paroles ont eu l’impact escompté. Mais je sens que les choses sont différentes.

Les jours passent, les semaines passent, et la femme ne reviendra jamais. Plus aucun cri monstrueux. Plus aucune de ses visites ne me fera pâlir de terreur. Je suis libérée. Mais avant tout, cette âme est libérée. Mes paroles ont été entendues.

Je suis fière de moi.

Et discrètement je me donne rendez-vous à la prochaine aventure. J’ai maintenant compris que ma vie serait faite de rebondissements.

Alors je l’accepte.

Léa,
Nouvelles Vibrations 

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