Au fil du temps, je découvre que cette maison que j’ai toujours connu, revêt une facette bien étonnante. Autrefois ce refuge sécurisant que certaines âmes violaient parfois. Je découvre aujourd’hui qu’elle est aussi ce lieu, renfermant en son sein, une étrange énergie loin de toute bienveillance.
Des indices me sont communiqués au fil du temps, ma mémoire rapproche et connecte, ces évènements dissociés, qui pourtant évoquent une vérité inaliénable.
Il y a tout d’abord eu ces attaques nocturnes, au fil des années. Certaines n’étaient que de simples âmes errantes et perdues. Mais pour d’autres, il en était bien autrement. Et c’est ce que je découvre par des évènements particulièrement effrayants. Car c’est ces attaques nocturnes, que les âmes les plus malveillantes, ont tenté de me dissuader d’être la personne lumineuse, que je suis au fond de moi.
Je me dirige vers ma chambre. Il fait sombre. Et mes parents sont déjà couchés. Le sommeil ne tarde pas à m’emporter. Nous sommes un samedi soir, et mes semaines sont particulièrement éprouvantes.
C’est ainsi, que bien cachée sous ma couverture, ma muraille de peluches entourant ma tête, et mon téléphone à portée de main en cas d’« urgence terreur », je m’endors.
* Je suis dans la maison familiale, je sens une ambiance étrange, effrayante. Terrifiée, ma vue est biaisée, sans couleur. Me donnant la sensation de vivre à travers un vieil écran de télévision, en noir et blanc.
Je descends doucement la cage d’escalier. Lorsque j’entends une voix venant du dessus de ma tête. Une voix directive, froide, comme prenant le contrôle de la maison. Je comprends vite que cette voix est un esprit malfaisant, tentant de prendre possession des lieux.
Elle me menace, et je sens en moi la terreur. Je l’entends m’imposer d’avancer, d’aller dans tel ou tel pièce. Mais ressort en moi cette intense colère qui gronde. Ici je suis chez moi !
Mais je dois également maitriser la terreur de ce qui pourrait m’arriver si je n’obéis pas. Je tente de me défendre, en refusant de répondre à ses obligations. Alors je lui dis : « Non ! ».
Quand tout à coup, un petit garçon débarque, venant de derrière, et courant à pleines jambes. Me bousculant presque, il passe à ma gauche, et s’arrête devant moi. Les yeux vides, le regard intense, il me fixe quelques secondes. Ce regard me glace le sang. Et tout doucement, il met son index devant sa bouche et me dit d’un souffle à peine audible : « Chuuuuut. ».
Mon cœur s’accélère, et je comprends que le danger est réel. Cet esprit me veut du mal. Mais je ne suis pas prête de lui obéir, quel qu’en soit le prix.
La voix insiste : « Je contrôle cette maison, tu dois m’obéir ! ».
Lorsque je lui réponds de nouveau : « Non !!! ».
Mais à ce moment, alors que je regarde le petit garçon, je me retrouve tout à coup dans le noir complet. Je suis dans le noir, dans les ténèbres. Mes yeux se sont éteints. Je panique ! Suis-je devenue aveugle ?
Et brusquement, dans le noir, je sens que l’on m’élève. Je me sens monter comme dans un ascenseur invisible. Je ne vois rien. Où suis-je ? Que se passe-t’il ? Mais qui m’emmène ? Où vais-je ?
Je suis tétanisée, les questions fusent dans ma tête, mais je ne bouge pas. Je suis sous le choc. Comme dissociée de mon corps, je suis paralysée. Je ne me débat pas.
Et tout à coup, cette idée me vient en tête :
« On me fait mourir ! Je meurs ! »
Paniquée, mon instinct de survie s’éveille, je tente de me débattre. Je bouge bras et jambes.
Je hurle : « Non, je refuse, non, je ne veux pas mourir ! Je le refuse ! Non ! ». C’est alors que l’ascension s’arrête, brusquement. Et dans le même élan commence une chute vertigineuse. Je tombe à une vitesse que seul mon cœur reconnaît. Puisque je suis toujours dans le noir le plus complet. Je tombe. *
Dans un brusque sursaut, je me retrouve dans mon corps. Le soulagement n’aura le temps de m’offrir ses bonnes intentions. Car je saisis rapidement que je ne peux pas ouvrir mes yeux. Je ne peux plus bouger mes bras, mes jambes. Je ne peux pas bouger la tête ou même parler.
Et insidieusement mes poignets sont resserrés par une emprise invisible. Puis mes chevilles subissent le même sort, avant mon cou et mon front. La pression se fait plus forte sur mon corps. Je me sens secouée, de gauche à droite. Je ne sais plus où je suis, comment je suis. Je ne sais plus rien. Je n’ai même plus le contrôle de mon corps. Seulement la sensation d’être chiffonnée comme un vulgaire mouchoir. Emportée par une vague.
Seule ma conscience est intacte, elle est mon seule point d’accroche pour ne pas sombrer dans la folie.
Au bout de quelques minutes, semblant durer des heures, l’emprise m’abandonne enfin. Je suis libre.
Je prends vite conscience de ce qu’il vient de m’arriver. J’ai failli mourir. Cette esprit malveillant a tenté de m’arracher à mon corps. En ne me permettant plus d’y revenir.
Je sens au fond de moi, que mon instinct de survie m’a sauvé.
Et si je ne m’étais pas débattue ? Mes parents m’auraient-ils retrouvé sans vie en ce dimanche matin ?
Je tremble d’effroi. Et je tente malgré moi d’apaiser ma peine, ma peur. Je tente d’apaiser mon flot de pensées. Je reprends doucement conscience du lieu dans lequel je suis, de ma chambre, des draps que je touche avec mes mains, mes pieds. Je prends conscience de la lumière du soleil. De l’ambiance paisible du dimanche matin, qui règne autour de moi.
Je me lève doucement, et m’apprête à raconter toute cette aventure à mes parents, qui m’attendent devant leur bol de café.
Léa,
Nouvelles Vibrations