Chapitre 11 : Je dis adieu à mes plus vieux amis

J’ai vécu les 21 premières années de ma vie, dans la même maison, ma maison d’enfance. Une jolie maison de ville, centenaire et pleine de charme.

Les liens que j’ai entretenu avec cette maison avaient des allures de sororité aimante, mais conflictuelle. J’ai beaucoup souffert de ses basses vibrations. Mais je l’ai tant aimé pour son confort et sa chaleur. C’était un sanctuaire.

Mon repère durant toutes ces folles années. Le lieu que je connaissais le plus, et qui me connaissait le plus.

Nous avons la chance d’avoir un grand jardin, que je chéris de tout mon coeur. Si j’aime tant ce jardin, c’est qu’il est peuplé d’arbres. Certains même, ont bien plus d’un siècle.

Je n’ai pas tout de suite compris à quel point j’aimais les arbres gardiens de ce lieu.

Puis a débuté mon adolescence, et ma fascination à leur égard, d’un même élan. Ils étaient tous si beaux, si majestueux, si réconfortants, si forts, et si généreux. Pas un été ne passait, sans que nous n’ayons des fruits à foison. Leurs grandes branches nous offraient de l’ombre lors de nos repas estivaux. Et leur majestuosité comblait nos yeux émerveillés.

J’ai grandi un peu plus encore, et je ressentais le besoin de les regarder, de les aimer, toujours un peu plus fort. Et puis vint ce jour. Ce jour terrible, où rien ne laissait présager une telle nouvelle.

Je suis maintenant au lycée, et j’aime me promener avec ma mère, pour faire des emplettes. Nous sortons en ce mercredi ensoleillé.

Nous nous dirigeons vers la voiture, lorsque notre voisin nous interpelle. Curieuses, nous nous approchons, lorsque celui-ci nous dit :
« Vous êtes au courant de la nouvelle ? Ils ont modifié le plan d’urbanisme. Des promoteurs vont détruire le quartier, pour construire de nouveaux logements ! ».

Cette nouvelle nous fait l’effet d’un coup de massue. Pour être tout à fait honnête, nous croyons à une fausse rumeur, et décidons d’attendre d’en parler à mon père.

Les semaines passent, la nouvelle se confirme. Ma maison d’enfance va disparaitre, peut-être dans un an, peut-être plus.

Et doucement, une peur s’immisce dans mon esprit : « Que vont-ils faire des arbres ? ».

Je décide de téléphoner à la nouvelle médium, qui m’aide depuis quelques temps. Et je lui fais part de cette peur qui m’horrifie. Lorsque celle-ci change étrangement de voix, d’intonation, et de paroles.
Je comprends tout de suite que ce sont mes arbres. Ce sont mes arbres qui me parlent par le biais de la médium !

Durant de longues minutes, je suis ébahie d’entendre toutes ces belles phrases. Et cette parole forte, marquera mon esprit à jamais :
« L’important n’est pas la façon dont nous allons mourir, mais la façon dont nous avons vécu. Nous avons été heureux de vivre avec vous. Mais aujourd’hui, c’est l’heure de notre grand départ. ».

Lorsque ces mots parcourent mon oreille, puis ma conscience. Je sens en moi le plus intense frisson de ma vie. Je pleure à chaudes larmes. Je suis en colère. Je suis si triste de devoir les perdre. Je ne parviens pas à me réconforter, de savoir que mes arbres, mes fidèles amis, en si belle santé, ceux qui m’ont vu grandir, vont être violemment abattus pour quelques places de parking.

Mais je garde en mémoire ces mots magnifiques, que l’un de mes arbres, m’a glisser à l’oreille.

Les mois passent. Et nous remarquons que le magnifique Noyer surplombant la maison, semble malade. Puis, vient à mourir. C’est au tour de notre Cerisier, de périr doucement. Puis de notre cher Mirabellier. Puis vient le tour du Saule. Lorsque, finalement, tous nos arbres partent, les uns après les autres.

Mais que se passe-t’il ?

Un jour, dans une réflexion intense, nous comprenons ce qui se joue là, dehors. Nos arbres ont été prévenus qu’ils allaient être abattus. Lors de la conversation dont la médium était intermédiaire. Ils ont donc choisi de partir paisiblement, tranquillement, avant la terrible échéance.

Les aurevoirs étaient faits, ils pouvaient s’en aller.

Et c’est dans cette idée que chaque être est une conscience, que mon coeur s’est apaisé.
Je pouvais partir sereinement de cette maison, mes arbres étaient maintenant libres.

Léa,
Nouvelles Vibrations 

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