Voilà plusieurs mois que ma première attaque nocturne a eu lieu. Je suis contente, car ça ne m’est plus arrivé depuis.
Ce sont les vacances scolaires. Je dors toute une semaine chez ma grand-mère, avec ma cousine. J’en suis heureuse, on s’amuse beaucoup ensemble.
Mais comme à la maison, j’ai toujours peur quand arrive le soir. Car il y a aussi des gens chez mamie, qui marchent autour du lit. Heureusement que je dors avec ma cousine. Même si je préfère dormir du côté du mur, je me sens plus en sécurité.
Ce soir, ma cousine qui dort près du mur. J’ai peur, je me demande si je vais réussir à trouver le sommeil rapidement.
Nous nous lavons les dents, et nous mettons nos pyjamas. Mamie nous dit qu’il est temps d’aller dormir.
Ma cousine se met près du mur, et moi … Du côté de tous les dangers.
La lumière est maintenant éteinte, la porte fermée.
Mes pensées s’emmêlent. Je sens que quelqu’un attend à côté du lit, stoïque, invisible, effrayant. Je ne sais si cette personne est vraiment là, ou si celle-ci n’existe que dans mon esprit. Mais mon corps, lui, réagit comme dans une situation de danger. J’ai des sueurs froides, je tremble, et une boule se forme dans mon ventre, me donnant presque la nausée.
J’ouvre les yeux, ma curiosité me pousse à observer ce qui m’entoure. Et là, face à moi, une silhouette vaporeuse blanchâtre, stagne … Me toise. Mon coeur s’accélère, l’afflux sanguin s’intensifie. J’ai la trouille, des frissons me parcours le corps. Je tente de m’éloigner le plus possible du bord du lit, tout en me cachant sous la couverture.
Cette silhouette est celle d’un homme. Je le sais, je le sens. Il a environ 60 ans. Moustachu, habillé de vêtements clairs. Il me semble qu’il ait une cane. Il m’est inconnu. Je ne sais pourquoi il est là, mais il me fait peur.
De nouveau je me cache avec hâte.
Puis je réitère mon geste, et soulève la couverture. Afin de vérifier s’il est toujours là.
ma crainte se confirme, la masse blanchâtre est toujours là. À 20 cm de mon visage. Mais je sens qu’il n’est pas seul. Au fil des minutes, de nouvelles personnes arrivent. Ils sont maintenant des dizaines entourants le lit. Ils sont tous là pour moi. Chacun semble savoir que je les vois, que je les sens.
Ç’en est trop, je n’en peux plus. Je vie un cauchemar éveillé. Je me questionne maintenant, sur mes capacités à créer de telles peurs, de telles circonstances, simplement avec mon esprit.
La terreur monte en moi, je tente de me convaincre que tout ira bien, que je n’ai qu’à m’endormir pour que le matin arrive au plus vite. Que tout ceci n’existe peut-être pas. Mais la peur me serre le ventre, le temps devient interminable. La chaleur s’empare de mon corps, je ne peux plus respirer. Mes émotions se mélangent, et commencent à me rendre folle.
Maintenant au paroxysme de ma peur, je n’ai plus assez de force pour endurer ce supplice.
J’hurle de toutes mes forces :
« Mamie !!!! Mamie s’il te plait, vient ! J’ai peur !!! Il y a quelqu’un dans la chambre, j’ai trop peur !!! ».
Ma grand-mère se lève et vient à ma rencontre. Elle tente avec peine de m’expliquer qu’il n’y a personne dans la chambre. Elle essaie de me convaincre que je ne risque rien. Malgré tout, il n’aura fallut que quelques minutes pour que nous nous retrouvions toutes les trois dans le lit de ma grand-mère avec ma cousine. Pour terminer cette nuit mal commencée.
Le lendemain, je suis angoissée de ce que ma grand-mère va raconter à maman. Est-ce que je vais me faire gronder ? Est-ce mal ce que j’ai fait ? Je ne sais pas vraiment, c’est la première fois que ça m’arrive en dehors de la maison, et je n’ai aucune idée de ce que les adultes en pensent.
Le soir maman vient me chercher, nous rentrons à la maison. Pendant le trajet, je décide de lui en parler. Crevons l’abcès tant qu’il est encore frais. Maman me rassure, et me dit que mamie n’est pas fâchée. Ne sachant pas comment réagir, maman ne tire aucune conclusion. Cette affaire semble se tasser.
Ce que je ne sais pas à ce moment, c’est que maman se pose beaucoup de questions sur ce qu’il m’arrive depuis quelques mois. Elle décide donc d’en parler, à l’une de mes tantes.
Je comprendrais plus tard que le hasard n’est en fait qu’un terme qui met en lumière, l’incroyable intelligence de l’Univers. Il s’avère en effet, que cette tante ayant téléphoné, et à qui maman a tout raconté, se trouve être médium elle aussi. Elle n’en avait simplement jamais parlé à qui que ce soit. Sauf ce soir là, où elle a senti que j’avais besoin d’elle pour comprendre.
Elle explique à maman que je suis sensible aux défunts, à ces personnes décédées qui restent sur Terre, parce qu’il leur manque quelque chose. Comme un élément de compréhension, de l’aide pour accomplir une dernière tâche, d’un guide pour savoir où aller … J’ai de la chance car maman a l’esprit assez ouvert pour ne pas réfuter en bloc ces nouvelles informations, que ma tante lui apporte.
Pour moi c’est un bouleversement, car, je ne suis pas folle. Ces gens que je ressens, ils sont vraiment là. Ils existent. Mais pas seulement dans ma tête. Ils existent dans une réalité bien plus subtile que celle que nous côtoyons au quotidien.
Maman et ma tante décident de me mettre en contact avec une médium professionnelle. Il semblerait que ce soit une dame comme moi, qui a compris comment tout cela fonctionne. Elle peut, apparemment, m’aider à gérer, comprendre, et maitriser ces informations qui viennent à moi.
*
Nous voilà quelques semaines plus tard, assises avec maman dans le bureau de papa. Le téléphone en main, fixant le petit papier où est écrit le numéro de la médium. Je sens une petite angoisse dans mon ventre. J’ai la sensation que cet appel va changer le cours de ma vie. C’est drôle, je ne sais pas ce qu’il va m’apporter, mais la démarche est déjà tellement importante pour moi. Et maman est là, elle est avec moi, je me sens en sécurité.
J’entends le bip de chaque touche, sur lesquelles maman appuie. Voilà, l’appel est lancé.
« Oui, allô ? ».
Cet appel va changer ma vie.
Léa,
Nouvelles Vibrations